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 j'ai raccompagné les harkis en Algérie

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MessageSujet: j'ai raccompagné les harkis en Algérie   j'ai raccompagné les harkis en Algérie EmptyLun 18 Avr 2011 - 17:58

Daniel Saint Vanne
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j'ai raccompagné les harkis en Algérie
les fellaghas ont décidé de ne pas m'exécuter F. PeyronGuerre d'Algérie | 1962
j’ai réalisé que l’ennui était un des plus grands... B. VidalGuerre d'Algérie | 1960
les suites du putsch d'Alger ont pu bousiller un genou et... J. JauffretGuerre d'Algérie | 1961

Vous n'avez pas encore un nom d'utilisateur et un mot de passe ? Retour à la liste1962Evénement : Retour des Harkis en Algériepar Daniel Saint Vanne - 06-08-2008Le jour où j'ai raccompagné les harkis en Algérie

Fin de l’année 1961. Cela fait sept ans qu’a débutée la guerre d’Algérie.

J’ai 20 ans et après avoir fait mes classes en Allemagne au centre d’instruction des blindés, on m’envoie poursuivre mon service militaire dans la Marne, au camp de Mailly précisément. Là, j’apprends aux jeunes soldats à piloter et à tirer avec des chars.

Si je ne suis pas sur le front en Algérie c’est parce que mon frère aîné a été tué à bord de son avion de chasse quatre ans plus tôt en Tunisie.

Lors des derniers mois de l’année, le camp de Mailly a accueilli de nombreux harkis. Les harkis, ce sont ces algériens qui se sont ralliés à de Gaulle et ont combattu pour la France aux côtés de nos soldats. Contre l’indépendance de leur pays et donc contre le FLN par exemple, le Front de Libération National. Chez nous les harkis sont des supplétifs engagés dans l’armée française. Chez eux ils sont considérés comme des traîtres. Voilà pourquoi ils arrivent de plus en plus nombreux en France pour s’y réfugier. Une terre où ils pensaient encore être reconnus et remerciés pour ce qu’ils avaient fait….

Avril 1962. Mes supérieurs m’informent de la mission suivante : raccompagner les harkis de notre camp en Algérie, c'est-à-dire descendre en camion jusqu’à Marseille et prendre le bateau avec eux. La raison est on ne peut plus simple : ils sont arrivés si nombreux dans notre pays que de Gaulle, qui à ce moment-là sent déjà souffler le vent de la défaite, ne sait plus quoi faire d’eux…

On me demande si je suis prêt à accepter cette mission, je réponds par l’affirmative. En effet, j’ai toujours voulu savoir ce qu’il se passait là-bas. Le constater par moi-même à défaut d’être autorisé à y aller, loin des incessantes rumeurs qui couraient alors. J’avais ce goût de la découverte, de la connaissance empirique. Il est vrai qu’à 20 ans on n’est pas vraiment formé psychologiquement parlant, on a pas toutes les clés en mains alors on agit souvent bien plus qu’on ne réfléchit. Et puis j’en avais assez de la routine du camp, je m’ennuyais ferme, j’avais soif de pouvoir enfin en sortir.

J’accepte donc la mission. Et nous descendons vers Marseille avec cinq ou six camions remplis des quelques 80 harkis qui vivaient avec nous sur le camp depuis trois mois. Parmi eux, deux ou trois étaient devenus de bons copains.

Lorsque nous arrivons dans la cité phocéenne, il y a plus de 600 harkis sur place, venus des quatre coins de la France. C’est eux que nous allons devoir raccompagner chez eux.

Le soir tombe, l’embarquement débute. La tension est palpable, les regards sont noirs, durs, fermés ou abattus. Il règne un silence de mort, l’atmosphère est extrêmement chargée.

Certains harkis portent le couteau traditionnel, celui dont ils se servent notamment pour pratiquer le tristement fameux « sourire kabyle », celui qui vous ouvre la gorge d’une oreille à l’autre. Aujourd’hui cela ne se passerait plus ainsi, les armes seraient confisquées d’office. Mais à l’époque on ne pouvait les fouiller tous, impossible, trop de monde et déjà bien assez de tension dans les rangs.

Tout les monde est à bord à présent. Le bateau se nomme « Ville d’Alger », c’est un paquebot de 136 mètres. A bord, il y a une centaine de membres d’équipage, six officiers, huit sous-officiers et une vingtaine d’hommes de troupe. Et les 600 harkis, bien entendu, qui sont parqués dans les cales du navire.

La traversée va durer toute la nuit et notre mission sera de les compter toutes les deux heures puis de les surveiller. Nous fonctionnons par tour de garde. Et nous sommes armés de pistolets mitrailleurs chargés à balles réelles. Nous effectuerons plusieurs comptages pendant la nuit mais jamais nous n’obtiendrons le même nombre. Deux principales raisons à cela. La première est évidente : compter tant d’homme la nuit n’est vraiment pas une chose facile. La seconde est autrement plus dramatique : des harkis se sont jetés à la mer, plus d’une dizaine.

Pas à Marseille, pas en quittant le port, non. Là c’était impossible compte tenu de notre très grande vigilance. Mais en mer, oui en pleine mer, aussi loin de nos côtes que des leurs.

Ces hommes-là avaient choisi de mourir plutôt que de rentrer au pays en étant considérés comme des traîtres. Et certains d’entre eux nous avaient même demandé de les tuer… Oui, ils préféraient décider de leur propre mort plutôt que de risquer de se faire tuer chez eux par leurs compatriotes. Questions d’honneur et de dignité que chacun appréciera comme il l’entend.

Cette traversée sera celle de tous les dangers. A tout moment nous risquions la mutinerie. Plus la nuit avançait et plus la tension et l’agressivité devenaient palpables dans les rangs. Qu’aurions-nous fait si le soulèvement était arrivé, nous qui étions si ridiculement peu nombreux par rapport à eux ? C’est très simple : le « Ville d’Alger » aurait été le théâtre d’un véritable carnage. Dieu merci les harkis restèrent calmes pour la plupart. Calmes mais surtout résignés. Ils savaient, nous savions, il n’y avait plus rien d’autre à faire que d’attendre l’accostage à Alger…

Mais que le temps passa lentement. Nous avons beaucoup discuté entre nous dans les cabines que nous partagions. Certains, choqués, racontaient les suicides auxquels ils venaient d’assister impuissants, d’autres se contentaient d’un lapidaire « C’est pas grave »… Mais la plupart restaient en silence, un silence lourd, palpable, visqueux. Le silence de la culpabilité et de la honte que nous éprouvions –presque- tous…

Nous arrivâmes au petit matin à Alger.

Les harkis quittèrent le navire en rangs serrés sous notre surveillance. La tension était extrême à ce moment-là, des injures, des menaces et des crachats volèrent en notre direction.

Au pied des passerelles nous attendaient des troupes de bérets verts, les parachutistes français venus « réceptionner la cargaison ». Profitant de la foule et de l’agitation, certains harkis réussirent à s’enfuir en courant. Nous les avons vu bien sûr mais nous n’avons rien tenté pour les retenir. Si nous avions réagi, l’émeute aurait été immédiate, avec les conséquences qu’on imagine…

Les bérets verts ont fait monter les harkis dans des camions militaires puis le convoi s’est ébranlé en direction du centre de transit qui les attendaient.

Notre mission s’achevait là.

Le bateau du retour vers la France était prévu le soir même. J’ai alors voulu me rendre dans Alger. Pour les raisons que j’évoquais plus haut, besoin de voir et de constater par moi-même. Avec trois camarades nous sommes montés dans une Jeep et nous nous sommes dirigés vers le centre ville. Nous n’y sommes pas restés longtemps, les balles fusaient au dessus de nos têtes, ça canardait dans tous les sens, des snipers se tenaient en embuscade derrière les fenêtres, sur les toits, partout !

Nous sommes donc revenus vers le port et nous avons embarqué sur un autre navire, direction Marseille. Cette fois, la traversée fut très calme, nous étions mélangés aux civils. J’étais tellement soulagé que tout se soit bien passé, qu’il n’y ait pas eu de mutinerie et que je n’ai pas eu à faire usage de mon pistolet. La mission qui m’avait été confiée était déjà assez difficile et douloureuse comme cela…

De retour en France j’ai réintégré le camp de Mailly. J’y suis resté encore 15 jours puis j’ai enfin été libéré des mes obligations militaires après voir donné deux ans de ma vie à l’armée française.

46 ans ont passé depuis cette bien triste traversée de la Méditerranée. Je n’ai rien oublié, rien du tout. J’en garde une morsure, un bleu à l’âme, une trace de honte indélébile. Bien sûr je n’avais que 20 ans et je n’avais d’autre choix que d’obéir. Si je n’y étais pas allé d’autres l’auraient fait à ma place. Bien sûr je ne suis pas responsable de l’Histoire, je n’en suis qu’un modeste acteur. Toutefois je ne peux oublier ce malaise que j’ai si fortement ressenti. Un malaise qui ne s’est toujours pas dissipé, surtout lorsque je vois comment la France s’est comporté vis-à-vis des harkis. C’est une honte, une véritable tâche sur notre drapeau. Ces hommes-là -même s’ils n’étaient pas forcément tous des anges non plus- ont combattu à nos côtés, ils se sont battus pour de Gaulle. Et qu’a fait ce dernier pour les en remercier ? Il les a purement et simplement lâchés. Le Général était assurément un grand homme. Mais sur cette affaire-là rien ni personne ne m’empêchera de penser qu’il s’est montré indigne



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