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 Comment un Maubeugeois s’est retrouvé apatride… sans le savoir

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laurent1
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MessageSujet: Comment un Maubeugeois s’est retrouvé apatride… sans le savoir   Comment un Maubeugeois s’est retrouvé apatride… sans le savoir EmptySam 19 Mar - 18:08

Comment un Maubeugeois s’est retrouvé apatride… sans le savoir (VIDÉO)

Publié le 18/03/2016
MORAD BELKADI et SAMI BELLOUMI (photo et vidéo)


Depuis plus de quarante ans, Harkati Yahiaoui, un Maubeugeois du quartier des Écrivains, se bat pour retrouver sa nationalité française. Ce fils de harki, né sous une Algérie colonisée, a signé à ses dépens une libération d’allégeance à l’égard de la France. Une grossière erreur qui a changé le cours de sa vie.


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En apparence, voilà une histoire des plus classiques, avec comme toile de fond une guerre d’Algérie à son paroxysme. Dans une colonie divisée en deux camps, Mohamed Yahaioui, un père de famille originaire de Biskra, décide de rejoindre les rangs de l’armée française. Après l’indépendance, ce harki sera rapatrié dans l’hexagone avec femme et enfants. Nous sommes en octobre 1965. Il arrive d’abord à Marseille, puis dans le Cantal avant de rejoindre l’Est de la France. « Mon père allait travailler la journée, pendant que nous, nous restions enfermés dans les camps », se souvient Harkati Yahiaoui, le fils de Mohamed, qui vit aujourd’hui dans le quartier des Écrivains à Maubeuge.


« J’étais le bonnet d’âne »

Dans les années 70, le père de famille débarque à Avesnes-sur-Helpe pour raisons professionnelles. L’arrondissement connaît son âge d’or, les grands noms de l’industrie emploient à tour de bras. Tout se passe pour le mieux, sauf pour Harkati. Il a une dizaine d’années à ce moment-là. « On m’a mis à l’école pour la première fois, raconte-t-il. Mais je ne savais ni lire ni écrire. J’étais le bonnet d’âne, les enfants se moquaient de moi. » Le garçon décroche et décide de gagner sa vie dans les marchés. En grandissant, les problèmes commencent. Harkati Yahiaoui l’avoue sans ambages : « J’étais assez bagarreur. Les Français me traitaient de bougnoule et les Arabes de sale harki. Et à chaque fois, je frappais. » Il n’est pas encore majeur, mais souffre déjà d’une très mauvaise réputation chez les gendarmes.
À l’issue d’une énième rixe, sa vie va basculer : « Je suis convoqué à la brigade, comme j’en avais l’habitude. Je reconnais les faits, et là les gendarmes me disent de signer un document pour être tranquille. J’ai signé. » Il s’agit hélas d’une libération d’allégeance à l’égard de la France. Traduction, l’adolescent a renoncé à sa nationalité sans le savoir selon lui. Une version difficile à prouver vu les circonstances.

« Vous n’êtes pas français »

Pour autant, le jeune homme va poursuivre sa vie de manière tout à fait normale. « J’ai tout découvert lorsque j’ai voulu effectuer mon service militaire. La personne m’a dit monsieur vous n’êtes pas français. Sur le coup, je n’ai rien compris ! » Dans la foulée, il apprend qu’il fait l’objet d’une procédure d’expulsion pour menace à l’ordre public. Commence alors une vie de cavale pour Harkati qui n’imagine pas une seule seconde retourner en Algérie. « Je n’avais pratiquement pas vécu dans ce pays, je ne parlais pas la langue et toute ma famille se trouvait en France », dit-il.
Harkati part s’exiler en Belgique. Pendant ce temps, sa mère entame des démarches au consulat de son pays d’origine afin que son fils obtienne des papiers algériens. Le jeune homme doit alors entamer un périple administratif comme n’importe quel immigré dans le but de décrocher un titre de séjour. À la fin des années 80, les autorités françaises se rendent compte de l’incongruité de la situation. Le ministère de l’Intérieur annule la procédure d’expulsion d’Harkati, « eu égard à votre situation familiale », peut-on lire dans un courrier que lui a adressé la place Beauveau. Mais il ne retrouvera jamais sa nationalité.
« Mon père est mort français, ma mère est française tout comme mes frères et sœurs. Sauf moi », peste-t-il aujourd’hui. Âgé de 58 ans, Harkati assure n’avoir jamais pu travailler normalement vu son histoire, ni décrocher un des emplois dans la fonction publique réservés aux enfants de harkis. « Je ne suis plus rien aux yeux de la nation. Je vieillis et maintenant je n’aspire qu’à une seule chose : redevenir français avant ma mort. »

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