Qu’attendons-nous pour proclamer l’état de siège ?
"L'état d'urgence" est aujourd'hui prononcé et sera reconduit pour trois mois. Cette mesure diffère de l'état de siège inscrit dans la Constitution et qui fait référence à des mesures réglementées par différentes lois, qui, en temps de guerre, laissent une grande initiative aux gouverneurs militaires.
Maxime de La Devèze
Éditorialiste
Saint-Cyrien, diplômé en droit et science politique
Pour Manuel Valls, le problème dans ce pays, c’est le lycée Henri-IVLa révolte pourrait bien venir là où on ne l’attend pasLe Coran à la lettre
La République ne craint pas le djihad. François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve l’ont clamé.
Non, ce que craignent ces gens-là, ce sont les prochaines élections que l’on va nous décrire comme une réaction « émotionnelle » aux attaques de vendredi 13 novembre dernier.
Regardez avec quelle célérité scélérate Laurent Fabius retourne sa veste pour nous expliquer sans ciller que
« les Russes rejoignent enfin le camp occidental ». Il y encore quelques mois, ce ministre ordonnait des livraisons d’armes aux djihadistes syriens. Son prédécesseur Juppé en faisait autant.
Quels sont les prochains objectifs ennemis ? Selon le scénario le plus probable, la prochaine attaque serait décentralisée et viserait successivement plusieurs points en France, sur plusieurs jours. Elle ne serait pas simultanée. Et ainsi que l’intervention à Saint-Denis le laisse apercevoir, l’idée de manœuvre ennemie serait de créer une situation insurrectionnelle. Mercredi matin, aux abords du périmètre de bouclage, un attroupement s’est constitué, mêlant badauds, riverains et journalistes. Il est aisé de manœuvrer une foule et de la pousser à la confrontation avec les forces de l’ordre. Forces qui, dans cette situation, ne sont pas dans une posture de maintien de l’ordre classique.
« L’état d’urgence » est aujourd’hui prononcé et sera reconduit pour trois mois. Cette mesure diffère de l’état de siège inscrit dans la Constitution et qui fait référence à des mesures réglementées par différentes lois, qui, en temps de guerre, laissent une grande initiative aux gouverneurs militaires. Avant la Constitution de 1958, les commandants de place pouvaient le proclamer d’office, sans consulter l’autorité civile : une sorte de
pronunciamiento légal. Vous me suivez ? Si, demain, les attaques se généralisent et s’accompagnent d’émeutes, le gouvernement devrait laisser l’armée prendre la direction des opérations avec la police comme supplétive, comme il se doit en temps de guerre.
Imaginez un peu le cauchemar pour le pouvoir : 2017, le Front national en tête aux élections présidentielles et l’armée qui commence à soulever les couvercles et trouver les cadavres de la République dans les placards… Une garde nationale levée rapidement qui va regrouper des patriotes tous plus ou moins électeurs de droite… C’est cela, qu’ils craignent, bien plus que les barbus !
Alors, que s’empressent de faire nos parlementaires, en bon roublards de la politique ? Changer la politique migratoire ? Restaurer le service militaire ? Non, vous n’y êtes pas. Ils pensent à sauver leurs fesses et le siège sur lequel elles reposent.
C’est pour cela qu’ils nous mitonnent une réforme constitutionnelle aux petits oignons, qui supprimera cet état de siège
« désuet » (comme le service militaire…) pour le remplacer par quelques bricolages afin de brider l’action militaire sur le territoire national. Dans les médias, les éléments de langage de cette réforme sont déjà en place.
Mais François Hollande va se trouver face à un dilemme car, si l’Histoire s’accélère, il serait tenté d’utiliser l’article 16. Et la suite automatique du recours à l’article 16, dans la mécanique institutionnelle de la Ve République, est… la proclamation de l’état de siège.
Mes amis, le recours à l’armée française n’est pas le problème : c’est la solution.
Maxime de La Devèze