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 Le déclin de l’Europe

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MessageSujet: Le déclin de l’Europe   Le déclin de l’Europe EmptyJeu 30 Déc 2010 - 18:17

Le déclin de l’Europe


Sommes-nous, comme les Romains de l’Antiquité tardive, parvenus au dernier chapitre de notre glorieuse (et violente) Histoire  ?
Citation :

Hédonistes et cyniques, ne croyant plus en nos lois ni en aucun dieu, nous moquant de tout sauf de nous-mêmes, incapables de nous projeter dans l’avenir, amollis par le confort, superficiels et gâtés, avons-nous mérité d’être éclipsés par d’autres peuples, plus jeunes, plus ambitieux, plus forts  ?
L’analogie entre la situation des Européens d’aujourd’hui et celle des Romains de la décadence est tentante… Et pourtant  !

Citation :
Méfions-nous du pathos facile de la décadence et des postures réactionnaires, qui risquent de nous empêcher d’affronter avec lucidité la situation actuelle, soit  : la diminution progressive et inéluctable du poids de l’Europe sur la scène internationale. Pour esquisser les enjeux philosophiques d’une telle situation, formulons ici trois remarques.

Alexandre Lacroix

Remarque n° 1 : Le mythe du déclin de l’Europe est aussi vieux que l’histoire de l’Europe elle-même.

Homère a vécu au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, mais il chante dans ses épopées une époque bien antérieure  : la guerre de Troie se situe autour de 1 200 avant notre ère. Comme la plupart de ses contemporains, Homère fantasmait sur la splendeur passée de la civilisation mycénienne (– 1600/ – 1200), renversée par des envahisseurs venus du Nord, les Doriens. Les Mycéniens avaient laissé derrière eux des ouvrages de bronze, des architectures témoignant de leur avance, que les Hellènes n’étaient plus capables de reproduire. Si les personnages d’Homère – Ulysse, Achille, Agamemnon et les autres… – ont de si nobles qualités, s’ils sont si endurants au combat comme à la boisson, c’est qu’ils sont censés appartenir à une humanité supérieure. Or Homère est le premier des historiens, et à sa suite, le mythe du déclin va devenir un motif incontournable, une obsession de la culture du Vieux Continent.

À la fin du Moyen Âge, sous la plume de Dante ou de Machiavel, la nostalgie de l’Âge d’or réapparaît, mais cette fois-ci c’est la puissance de l’Empire romain qui est regrettée. En comparaison avec l’immensité de l’empire, la carte de l’Italie divisée entre principautés fait piètre figure. Au siècle des Lumières, Montesquieu s’intéresse aussi à la décadence romaine, mais pour critiquer les excès de l’autoritarisme des Césars et, indirectement, de la monarchie.

Plus près de nous, au lendemain de la Première Guerre mondiale, les historiens Oswald Spengler et Arnold J. Toynbee considèrent que l’Occident est malade ou qu’il est en train de creuser sa propre tombe  ; ils traquent la pulsion de mort qui détraque souterrainement notre civilisation. Un bref parcours historique de ces différentes versions du mythe (lire panorama ci-contre), montre qu’on définit toujours les critères du déclin en fonction des difficultés et des préoccupations les plus actuelles  : le mythe nous renseigne moins sur le passé que sur les enjeux du présent.

D’Homère à Toynbee, tous ces auteurs vantent une grandeur disparue et annoncent la catastrophe, mais dans le seul but de retrouver les sources vives qui permettront de réenchanter l’histoire.

Remarque n° 2 : Le mythe du déclin s’écrit aujourd’hui dans le langage formel des chiffres et de l’économie

C’est la grande nouveauté contemporaine  : de nos jours, ce n’est pas un écrivain génial, ce n’est pas un Dante, ni un Montesquieu, ni un Oswald Spengler qui nous tend le miroir de notre affaiblissement, mais bel et bien les tableaux de chiffres arides produits par les instituts de statistiques, Eurostat ou la Banque mondiale. Les chiffres ont d’ailleurs une éloquence bien à eux, face à laquelle il est difficile de rester de marbre. Avec 500 millions d’habitants, l’Union européenne (UE) ne représente actuellement que 7,3 % de la population mondiale. Elle a le taux de croissance démographique le plus faible au monde (– 0,05 % en Allemagne, 0,7 % en Italie pour 2008) et vieillit à vue d’oeil. La croissance économique est elle aussi basse  : 0,2 % en moyenne depuis le début de cette année pour les 27 pays de l’Union, – 4,2 % en 2009 (par comparaison, la Chine est poussée par une croissance d’environ 10 %, le Brésil, 8 % et l’Inde, 6,5 %). Les États européens sont lourdement endettés  : la dette publique représente 115 % du produit intérieur brut de la Grèce et de l’Italie en 2010, contre 77,6 % pour la France. En 2008, 17 % de la population européenne vivait sous le seuil de pauvreté, taux qui monte à 20 % chez les jeunes…

Non seulement l’UE n’a pratiquement plus d’industrie sur son sol, mais ses plus belles pièces sont peu à peu raflées par les investisseurs étrangers. Arcelor, fer de lance de la sidérurgie, entreprise issue de la révolution industrielle et de l’épopée capitaliste rhénane, a été rachetée par un groupe indien, la Mittal Steel Company, en 2006. Un autre groupe indien, Tata Motors, a fait main basse sur Jaguar en 2008. Quant à la déliquescence économique de la Grèce, elle a permis à la China Shipping Ocean Company de s’offrir une partie du Pirée en 2009 – le port d’Athènes passant aux mains des Chinois, tout un symbole  ! –, avant d’empocher les principaux armateurs grecs cette année.

Cette litanie de chiffres et d’annonces déprimantes, nous l’écoutons à la radio et la lisons dans la presse. Année après année, la place du continent européen sur le planisphère semble rétrécir à la manière d’une peau de chagrin. Puisqu’il se décline dans le langage des mathématiques, le déclin serait-il enfin réel  ? Sans doute, mais les chiffres ne nous donnent qu’une mesure quantitative de l’état de l’Europe. Appliquer aux nations une grille de lecture strictement budgétaire et comptable, c’est passer à côté d’autres dimensions, comme la qualité de la vie, l’accès à l’éducation et aux soins, l’existence d’un État de droit, d’un système judiciaire non corrompu, d’infrastructures facilitant les transports, etc.

Imaginons que les choses se passent, avant notre naissance, comme l’imaginait jadis Plotin, c’est-à-dire que les âmes descendent lentement vers les corps. Vous êtes l’une de ces âmes à naître. Au cours de votre trajet astral vers l’incarnation, un ange vous interpelle et vous propose de choisir  : vous pouvez voir le jour en Inde, en Chine, au Brésil, en Indonésie ou en Europe (mais vous ne pouvez pas choisir votre milieu social, qui vous sera échu par tirage au sort). Pour quelle destination optez-vous  ? Quel est, selon vous, le lieu où vous aurez le plus de chance de vivre librement et en bonne santé, sans crainte de la violence, qu’elle soit propagée par l’État ou qu’elle règne dans la sphère sociale  ? Où vos rêves trouveront-ils à s’épanouir  ? Ça y est, vous avez choisi  ? Vous n’êtes pas complètement guéri de l’Europe  ?

Remarque n° 3 La réduction du mythe du déclin européen à un problème économique est elle-même un signe inquiétant de déclin

Ici, ce sont les dernières pages du Déclin de l’Occident de Spengler, publié en 1918, qui nous aiguillent  : «  La pensée et l’action économiques sont un côté de la vie, affirme-t-il, chaque vie économique est l’expression d’une vie psychique.  » Autrement dit, la prospérité ou le marasme d’une économie ne font que traduire un certain état de la culture et de l’esprit.

Un an plus tard, en 1919, Paul Valéry enfonce le clou dans un texte intitulé La Crise de l’esprit, dont la première phrase est restée fameuse  : «  Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.  » On connaît moins l’argumentation qui suit, or elle est saisissante. «  La crise économique, explique Valéry devant le spectacle du Vieux Continent ruiné par la guerre, est visible dans toute sa force  ; mais la crise intellectuelle, plus subtile, et qui, par sa nature même, prend les apparences les plus trompeuses (puisqu’elle se passe dans le royaume même de la dissimulation), cette crise laisse difficilement saisir son véritable point, sa phase.  » Attention à ne pas confondre les forces et les quantités, prévient Valéry  !

Le classement des régions du globe selon des critères statistiques – population, superficie, matières premières, revenus, etc. – risque de nous faire oublier que les civilisations ayant accompli une oeuvre historique remarquable, que ce soient l’Égypte ancienne, le siècle de Périclès ou encore l’Europe des Lumières, ont pu le faire uniquement parce qu’elles étaient créatrices, parce qu’elles étaient capables de promouvoir les arts et les sciences, parce que la vie de l’esprit y était intense. Or l’Europe, s’alarme Valéry, est en train de transformer le savoir en une denrée et les productions de l’esprit en marchandises. Elle est bien mal inspirée  !«  Résultat  : l’inégalité qui existait entre les régions du monde… tend à disparaître graduellement  », puisque tout n’est qu’une question de commerce et de chiffre d’affaires.

En 1935-1936, le philosophe allemand Edmund Husserl rédige un texte qui fera date, intitulé «  La crise des sciences européennes comme expression de la crise radicale de la vie dans l’humanité européenne  ». Husserl y affirme que c’est la place éminente accordée à la raison qui a permis la grandeur de l’Europe. Le projet des Grecs, qui était de comprendre la totalité des phénomènes du monde, constitue selon Husserl le tremplin initial de notre civilisation. C’est au nom de la raison que sera accompli l’essor des sciences à l’âge moderne, que les Lumières secoueront le joug de l’Ancien Régime. Or«  la vision globale du monde qui est celle de l’homme moderne s’est laissée, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, déterminer et aveugler par les sciences positives et par la “prosperity”qu’on leur devait  », constate Husserl.

Lorsqu’on a séparé les sciences de l’homme et les sciences de la nature, au XIXe siècle, on a commis un acte très grave, puisqu’on a brisé la visée du projet grec. La philosophie, la psychologie, la sociologie, la science politique ont été rejetées du côté de la subjectivité, de la littérature. La raison n’a plus trouvé à s’appliquer que dans les sciences dures, et ne s’exprime plus qu’à travers le langage des mathématiques. Mais les mathématiques ne peuvent pas répondre à notre détresse ni nous offrir un destin  ! En réduisant la raison à une calculatrice, l’humanité européenne a perdu son projet fondateur. Elle s’est en quelque sorte autodissoute. «  De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits.  »

Ce qui nous amène à notre conclusion. Le fait que nous ne sachions plus aujourd’hui raconter le déclin de l’Europe autrement qu’à l’aide de statistiques est peut-être plus préoccupant encore que le contenu desdites statistiques, car cela prouve que nous avons laissé en chemin, quelque part derrière nous, notre esprit.

Alexandre Lacroix Philosophe.

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